Bonjour les chatons !
Après avoir récemment donné mon avis sur La Fille du train de l’autrice britannique Paula Hawkins, il est temps de s’attaquer aujourd’hui à son deuxième roman, Au Fond de l’eau, que je viens de terminer.
Comme son grand frère, ce roman est lui aussi un thriller. On y suit Julia (Jules), en froid depuis l’adolescence avec sa sœur Nel et refusant systématiquement tous ses appels. Pourtant, lorsque Nel est retrouvée morte dans la rivière qui traverse la petite ville de leur enfance, Beckford, où elle vivait encore, après avoir laissé un message vocal étrange sur le portable de Julia, cette dernière est bien obligée de retourner dans cet endroit qui la terrifie. Mais qu’est-ce qui l’effraie tant ? Affronter le soi-disant suicide de sa sœur ? La détresse et l’agressivité de sa nièce de quinze ans qu’elle n’a jamais vue auparavant ? Les souvenirs douloureux qu’elle a fuis ? Ou bien la rivière qui serpente, silencieuse et fourbe, et où les tragédies semblent s’enchaîner depuis des siècles ?
«Beckford est donc un endroit bizarre rempli de gens bizarres, avec une histoire bizarre. Et au milieu, il y a une rivière, et c'est cette rivière qui est le plus étrange, parce qu'on a l'impression que de quelque côté qu'on se tourne, quelle que soit la direction vers laquelle on se dirige, on finit toujours par tomber dessus.»
Dans ce roman, on retrouve le récit à plusieurs voix déjà présent dans La Fille du train et qui semble jusque là être la marque de fabrique de l’autrice Paula Hawkins. Dans cet opus, un peu plus de personnages ont la parole pour raconter les événements de leurs points de vue. Cela peut-être un peu déroutant au début, le temps de bien enregistrer qui est qui, et les relations entre les personnages.
Il est intéressant de noter que seuls trois personnages s’expriment à la première personne, et ce sont les trois personnages féminins principaux : Julia, sa nièce Lena et la policière Erin. Tous les chapitres avec le point de vue des autres personnages sont écrits à la troisième personne du singulier.
Attention petit spoiler : j’ai également trouvé judicieux que contrairement à dans La Fille du train avec le personnage de Megan qui s’exprime avant sa mort, ici l’autrice ne fait pas parler Nel du tout (ou en tout cas seulement à travers des extraits du livre qu’elle était en train d’écrire). C’est là tout l’intérêt à mon sens : Nel est véritablement partie, et son absence se fait terriblement ressentir chez Julia, chez Lena, au village, etc., laissant planer un lourd sentiment d’abandon et une incompréhension totale.
Comme dit un peu plus haut dans le résumé, Julia peut sembler être le personnage principal. Pourtant, elle n’a pas plus de « temps de parole » que les autres, elle ne brille pas non plus par sa présence ni par ses actions. Elle est plutôt passive et se laisse totalement submergée par ce qui se passe autour d’elle, comme si elle en était totalement détachée. C’est l’une des choses que j’aime dans l’écriture de Paula Hawkins : chacun de ses personnages mérite qu’on y prête attention, aucun n’est mis en avant plus que les autres, et surtout aucun n’est parfait. Ils ont tous plusieurs facettes, ils sont bourrés de défauts et de blessures et ont chacun une personnalité et une manière de parler bien à eux.
Concernant mon ressenti personnel, après un départ un peu timide, je n’ai ensuite plus pu lâcher le livre et je l’ai dévoré en trois jours (un exploit pour moi) ! J’ai trouvé ce thriller captivant, envoûtant… un peu comme l’eau d’une rivière qui ondule sans cesse et qu’on ne peut s’empêcher de fixer. Plutôt bien joué de la part de l’autrice !
L’intrigue est très prenante ; sur fond de secrets bien enfouis, de non-dits, de drames familiaux et de vieilles rancœurs de village, l’enquête policière se mêle aux légendes de sorcellerie ancestrales du coin. J’ai beaucoup aimé ce mélange savamment dosé entre « réalité », mysticisme et l’aura surnaturelle de la rivière.
Dans cette petite ville où tout le monde se connait, Paula Hawkins tisse une toile dans laquelle nous lecteurs nous empêtrons ; tantôt l’on croit avoir compris, tantôt nos suppositions sont mises à mal par d’autres éléments…
Attention petit spoiler : Plusieurs fois je me suis laissé piéger, pensant avoir LA réponse. Finalement, le dénouement m’a quelque peu surprise. Je ne dis pas qu’il n’est pas crédible, mais je ne l’avais pas vu venir (en même temps je ne suis pas du tout du genre à deviner la fin avant l’heure !), justement parce que selon moi il n’y a pas grand-chose qui nous aurait permis d’envisager ça. Je l’ai trouvé un peu amené de but en blanc, mais il fonctionne tout de même très bien.
Au final, après avoir passé trois jours entiers avec eux, j’étais assez triste de devoir quitter la petite ville de Beckford, ses habitants et leurs secrets, car je m’étais vraiment attachée à eux, même si ma lecture fut plutôt courte ! Pour ma part, si je devais comparer, j’ai préféré ce roman-ci à La Fille du train (pourtant déjà très bon). En revanche, en refermant Au fond de l’eau, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à certaines interrogations que j’ai eues au cours de ma lecture et pour lesquelles aucune réponse n’a été apportée, à ma connaissance… Était-ce une manière pour l’autrice de brouiller les pistes ? Sans doute.
Si vous avez lu le livre, qu’en avez-vous pensé ? Aviez-vous des soupçons sur le dénouement ? Avez-vous eu aussi des questions restées sans réponse ? Dites-nous tout en commentaire ou par message pour qu’on en discute !
Quant à nous, on se retrouve très vite pour de nouvelles aventures littéraires 😊
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