Bouuuuh les chatons !
En cette soirée d’Halloween, je vous propose de découvrir un autre classique de la littérature d’épouvante, comme nous avions fait l’année dernière avec Frankenstein. C’est même l’œuvre emblématique qui a donné naissance au mythe mondialement connu des vampires que je vous propose de découvrir : Dracula de Bram Stoker.
De même que Frankenstein fait désormais partie de la culture populaire et que j’avais apprécié de me plonger dans l’histoire originelle, la figure du vampire et particulièrement celle de Dracula a également été beaucoup exploitée, et j’ai été contente de pouvoir découvrir le roman où tout a commencé.
Pour la petite histoire, j’ai deux versions : une aux éditions Le Livre de Poche et une autre des collections RBA. Je n’aime pas avoir des livres en doublon, mais les couvertures de ces deux éditions sont sublimes, et celle de RBA est une reproduction de la couverture anglaise de 1901 (Archibald Constable & Co Ltd, London).
Mais avant d’attaquer le vif du sujet, le pitch !
Jonathan Harker, jeune clerc de notaire anglais, est envoyé par son cabinet en Roumanie, plus précisément dans les contrées sauvages et perdues de Transylvanie, afin d’y rencontrer un client qui vient récemment d’acquérir une propriété à Londres et qui répond au nom de comte Dracula. Mais sous les airs sympathiques et bienveillants de son hôte se cache quelque chose de malveillant, de diabolique, Jonathan en est persuadé. Ses pires craintes vont rapidement se confirmer ; le comte n’a rien d’humain, Jonathan est prisonnier de ce château maudit, et la créature se dirige droit vers Londres accomplir quelque funeste dessein...
Le roman Dracula de Bram Stoker se présente sous la forme d'une compilation d’extraits de journaux intimes des différents personnages de l’histoire.
Les voici : Jonathan Harker, sa femme Mina, Lucy Westenra (la meilleure amie de Mina), Arthur Holmwood (futur époux de Lucy, ne tient pas de journal), Dr John Seward (ami d’Arthur), Dr Abraham Van Helsing (ami et ancien professeur du Dr John Seward), Quincey Morris (un Texan ami d’Arthur et de John, ne tient pas de journal)
Au début, cette forme « épistolaire » peut rebuter ou sembler être synonyme de longueur, de lenteur et de lourdeur. J’ai été agréablement surprise de constater qu’au contraire la narration était très dynamique. J’ai eu un peu de mal à voir au début où tous ces journaux intimes voulaient nous emmener, et puis je me suis rendue compte que tous les récits s’imbriquaient ingénieusement et nous faisaient découvrir pas à pas de nouveaux éléments qui participaient à poursuivre la continuité et l’homogénéité de l’histoire.
De temps en temps, un même événement est raconté par plusieurs personnages, et c’était très intéressant de pouvoir observer une même situation sous des angles et des points de vue différents.
Le seul bémol que j’ai relevé, c’est que malgré le panel de personnages différents qui écrivent leur journal, je n’ai constaté aucun changement de discours ou de manière de s’exprimer d’un personnage à l’autre. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le parallèle avec Les Liaisons dangereuses, où à l’inverse chaque personnage avait un style d’écriture bien à lui et immédiatement reconnaissable.
En parlant de style, et bien qu’utilisé pour des journaux intimes, celui de Bram Stoker est plaisant à lire, très immersif, et je trouve que cet auteur a parfaitement réussi à nous transmettre tout le côté sordide et horrifique de l’univers qu’il a créé, particulièrement dans la partie qui se déroule au château du comte. Certains passages sont terrifiants et m’ont fait froid dans le dos. J’ai toujours lu ce livre la nuit avant de dormir et je me demande comment j’ai fait pour ne pas avoir de cauchemars !
"Le vent rugissait tel le tonnerre, et il soufflait si fort que c'est avec difficulté que des hommes, même vigoureux, parvenaient à rester debout ou qu'ils s'accrochaient aux étançons de fer. On jugea nécessaire d'évacuer totalement les spectateurs qui se pressaient sur la jetée, faute de quoi le nombre de morts de la nuit eût été maintes fois multiplié. Pour ajouter aux difficultés et aux dangers du moment, des masses de brume marine dérivaient vers l'intérieur des terres - nuées blanches et humides passant tels des spectres, si moites et si froides qu'il n'était pas besoin d'un grand effort d'imagination pour se figurer que l'esprit de ceux qui avaient disparu en mer touchait leurs frères vivants avec les mains poisseuses de la mort [...]"
Virtuellement, le roman est divisé en quatre parties :
- Les cinq premiers chapitres sont le journal intime de Jonathan leur de son séjour en Transylvanie ainsi que ses mésaventures au château Dracula
- Ensuite, on se retrouve pendant quelques temps avec sa future épouse, Mina, puis pendant un bon moment avec la meilleure amie de celle-ci, Lucy, et toute une intrigue autour de cette dernière
- Vient ensuite toute la partie se déroulant à Londres avec le petit groupe constitué du Dr Seward, Arthur, Quincey, Van Helsing, Jonathan et Mina
- Enfin, la dernière partie nous entraîne dans un périple de l’Angleterre à la Roumanie pour le dénouement final…
Puisque nous évoquons la fin, parlons-en un peu ! Et rassurez-vous, je ne vais pas spoiler, mais vous partager quelques unes de mes impressions.
Autant j’ai adoré cette sorte de course effrénée depuis l’Angleterre jusqu’à l’Europe de l’Est et retrouver les paysages isolés de la Roumanie de l’époque (j’ai d’ailleurs eu envie d’aller voir sur Internet les photos des lieux mentionnés, histoire de voyager un peu), autant la tension était à son comble et j’étais vraiment angoissée quant au dénouement de l’histoire (ce qui m’a fait engloutir les trois derniers chapitres sans m’arrêter), autant j’ai été un petit peu déçue de la « facilité » de l’issue finale et de son côté un peu expéditif. J’aurais préféré quelque chose de plus magistral, mais ce n’est que mon avis et dans tous les cas j’ai quand même apprécié le dénouement choisi par l’auteur.
Enfin, pour terminer sur une petite note personnelle, je conseillerais à celles et ceux qui souhaitent lire ce livre de laisser de côté tout ce qu'ils ou elles croient savoir sur les vampires, de laisser tomber les clichés transportés par notre vision moderne de cette créature depuis des décennies. Avant de commencer ma lecture, j’ai essayé d’adopter un regard neuf et libéré de toute idée préconçue sur ce que j’allais lire, sans rien attendre de particulier et simplement me laisser porter par l’histoire.
La magie a opéré avec moi, j’ai vraiment adoré ce livre. J’ai été happé du début à la fin, je ne me suis jamais ennuyée, à aucun moment je ne l’ai trouvé long et j’ai englouti des chapitres entiers sans vouloir (pouvoir ?) m’arrêter. L’ambiance est tellement immersive, le récit tellement vivant et l’horreur tellement bien décrite que je suis ravie d’avoir enfin lu ce roman fondateur de la figure aujourd'hui très connue du vampire. L'année dernière, j’avais adoré Frankenstein aussi, et bien qu’il soit difficile de comparer ces deux œuvres car elles sont bien différentes, je dois quand même dire que ma préférence va à Dracula. La prose de Mary Shelley ainsi que les thématiques abordées et si habilement traitées dans son roman en font toujours un chef d’œuvre à mes yeux, c’est indéniable. Mais le côté plus lugubre et plus « actif » de Dracula lui valent tout de même ma préférence.
Si vous êtes fans de littérature fantastique, d’horreur, de monstres ou juste curieux de découvrir un livre devenu aujourd’hui un classique à l’origine de bien des adaptations, je ne peux que vous conseiller la lecture de Dracula, le seul, l’unique, de Bram Stoker !
Comments