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Photo du rédacteurSolène

"Je l'aimais" : un regard bienveillant sur nos différents choix de vie

Bonjour les chatons !


Aujourd’hui, on découvre ensemble un petit roman court, mais très profond : Je l’aimais, d’Anna Gavalda.


C’est le tout premier roman de cette autrice que je lis, et je dois dire que j’ai été conquise !


Chloé se retrouve seule avec ses deux filles après que son mari Adrien les a quittées pour une femme plus jeune. Alors que Chloé est en proie à un vif chagrin, son beau-père (le père d’Adrien) va l’emmener sur un coup de tête, elle et ses filles, pour une petite retraite à la campagne afin de leur changer les idées. Dans ce cadre intimiste, propices aux confidences, les langues vont se délier et les cœurs s’ouvrirent pour laisser s’exprimer des secrets bien enfouis.



Anna Gavalda nous entraîne dans un huis clos minimaliste où deux points de vue différents vont tenter de se comprendre l’un l’autre. Chloé, la femme trompée et délaissée, qui en veut à son mari d’avoir été si égoïste et d’avoir choisi la voie facile de la fuite. Pierre, le père d’Adrien, qui essaye de comprendre le geste de son fils et les motivations de ce dernier, qui l’admire au contraire pour avoir eu le courage de s’avouer qu’il n’était plus heureux, quand lui-même Pierre est resté, englué dans un mariage dans lequel il ne s’épanouissait plus.


Le roman est presque intégralement construit sous forme d'un dialogue, tellement prenant et bien mené qu’il en est très immersif (et ce n’est pas souvent le cas chez d’autres auteurs !). J’étais véritablement attablée avec nos protagonistes, je trinquais avec eux. Je pouvais entendre les bûches craquer dans la cheminée, sentir la chaleur du feu dans l’âtre et l’odeur alléchante d’un bon petit plat qui mijote dans la cuisine. Encore plus fort : Anna Gavalda a vraiment le don de nous faire rentrer dans la tête de ses personnages, de les comprendre, de compatir avec eux, et parfois même de nous identifier à eux. Et pour moi c’est un point crucial dans une lecture.


Ici, pas de bien ou de mal, ni de tout noir ou tout blanc. Juste de la compréhension. Une ouverture des yeux et de l’esprit. Les deux partis s’écoutent, discutent, débattent, se heurtent un peu parfois. On ne cherche pas à désigner de coupable, aucun jugement n’est porté, juste un regard bienveillant sur ce que chaque camp peut ressentir, pour tenter de comprendre ce qui nous pousse à agir, peut-être pas forcément de la meilleure des manières. Quitter son/sa partenaire et ses enfants quand on n’est plus heureux : geste égoïste, lâche ou courageux ? Rester pour ne pas faire souffrir l’autre mais souffrir soi-même en silence pour le restant de ses jours, ou faire souffrir sa famille en partant mais avoir le courage d’admettre que la relation ne fonctionne plus ? En remuant le passé, Chloé et Pierre vont faire remonter à la surface des secrets douloureux jamais révélés, des occasions manquées, des histoires d’amour condamnées…


J’ai énormément apprécié cette neutralité très adroite sur un sujet pourtant difficile à traiter sans susciter de vives émotions. En seulement cent cinquante pages, Anna Gavalda nous donne énormément matière à réfléchir : sur nous-mêmes, sur l’Autre, sur nos relations…

Ne serait-ce que pour essayer de mieux se comprendre pour mieux vivre ensemble. Et ça fait franchement du bien ! Cent cinquante pages qui m’ont remuée, qui ont brassé beaucoup d’émotions en moi, et sans être directement concernée par le sujet, tout ceci m’a tout de même amenée plusieurs fois à me questionner et à me remettre en question. En dépit de son format très court, ce livre réussit l'exploit de nous captiver et de nous émouvoir du début à la fin !


NB : La scène au fast-food m'a énormément rappelé la nouvelle à chute "Happy Meal" de la même autrice. Que je recommande également !



Solène

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