Bonjour les chatons ! Aujourd’hui j’ai décidé de vous partager une des plus bouleversantes lectures que ma vie de chat pitre m’ait permis de connaître. Et quand je dis bouleversant, je pèse mes mots. Tellement d’émotions se dégageaient de cette bande dessinée que je n’ai pu en retenir mes larmes, bien que je connaisse l’histoire. Cette bande dessinée, c’est Joseph Carey Merrick de Denis Van P., parue en 2013. Le nom de Joseph Carey Merrick ne va pas forcément vous être familier, et pourtant ce jeune homme a fait parler de lui dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Et oui, il s’agit en quelque sorte d’une biographie, celle de Joseph Merrick, plus/mieux connu sous le pseudonyme « Elephant Man », titre du film en noir et blanc de David Lynch paru en 1980.
Cette bande-dessinée relate la vie de JCM, fils aîné d’une fratrie de trois enfants. Parents qui se sont plus au premier regard, volonté de fonder une famille, d’avoir des enfants… seulement voilà, Joseph est différent de son frère et sa sœur : il souffre de plusieurs malformations au visage. Le jeune Merrick va commencer sa vie à l’école avec la moquerie et la maltraitance de ses camarades par rapport à sa différence.
Dès les premières pages, nous comprenons la souffrance de ce jeune garçon profondément triste et malheureux, de ce qu’il est, de l’attitude de ses parents envers lui, très éloignés et sans geste d’affection de la part de son père. Comme si les injustices n’étaient pas assez fortes, la scarlatine va emporter son petit frère, puis sa mère. Et là encore, ce n’est qu’une partie de l’iceberg de la vie à laquelle Joseph Merrick va se heurter. De plus en plus maltraité, son père ira jusqu’à le mettre à la porte.
Vivre dans la rue, devenir et être exploité comme un animal de foire, Joseph Merrick, par ses malformations et ses difformités qui ne cessent de s’accroître sur l'intégralité de son corps, va subir les pires traitements qu’un être humain peut infliger à un autre être humain. Au fil des pages, les lectrices et lecteurs comprennent la dure réalité de la vie de cet homme qui décèdera à 28 ans. Dans son malheur, Joseph Merrick va rencontrer un bon samaritain, le Dr Frederick Treves, qui va lui apporter une aide inespérée. Un exemple parmi tant autres qui m’a bouleversée dans la bande dessinée, c’est quand il s’effondre en larmes parce qu’une femme lui sourit et lui tend la main, première fois qu’il vit un tel moment, première fois dans sa vie qu’une femme ne le regarde pas avec horreur mais avec bienveillance. Et ce n’est un exemple parmi tant d’autres…
Comme je vous le disais, cette bande-dessinée relate une histoire vraie, celle de Joseph Merrick surnommé « Elephant Man » par rapport à la chute de sa mère, quand elle était enceinte de lui, à cause d’un éléphant. La médecine mettra des années, bien après sa mort, pour diagnostiquer la maladie qu’il l’a rongée, le syndrome de Protée, une « une maladie génétique qui affecte la croissance des tissus et produit elle aussi des déformations ».
C’est une histoire profondément triste mais qui apporte une magnifique leçon de vie. Les dernières pages de la bande dessinée mettent en lumière un homme qui aimait la vie, intelligent, philosophe et qui n’éprouvait aucun regain de vengeance, aucun reproche pour ceux qui l’avaient fait souffrir. C’est sûrement la force du dessin, l’utilisation de couleurs relativement froides, le réalisme des scènes et l’accentuation des malformations de JCM et de ses émotions au fil des pages qui m’ont bouleversée. Sans oublier qu’elle retrace sa vie depuis sa naissance jusqu’à son décès. Les lectrices et lecteurs voient l’évolution de Joseph de l’âge enfant à l’âge adulte, dans une société où les différences n’étaient pas du tout acceptées. Certaines scènes m’ont tellement choquée, me demandant comment une telle cruauté pouvait exister, qu’elles m’ont profondément émues. Les dernières cases de la bande dessinée et la façon dont Joseph Merrick décède – je ne vous en dis pas plus – donnent lieu à plusieurs interrogations. Plusieurs interprétations sont possibles et, à titre personnel, je préfère garder celle du Dr Treves, en lien avec le film d’ailleurs, non pas qu’elle soit positive - au contraire - mais elle illustre à merveille ce que Joseph Merrick a toujours voulu être : un être humain comme les autres.
En résumé, une bande dessinée poignante que je conseille, bien au-delà du style graphique très accessible et de la force du contenu, mais bel et bien pour les leçons de vie qu’elle apporte.
Virginie
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