Bonjour les chatons ! Aujourd’hui, nous nous intéressons au vainqueur du sondage « Les Chatons ont le micro #5 » : La Confusion des sentiments de Stefan Zweig.
Ce fut ma première lecture de l’auteur, l’ouvrage avec lequel j’ai découvert l’univers de Stefan Zweig, et je dois dire que j’ai été immédiatement transportée ! J’ignore pourquoi, mais je m’attendais vraiment à un style lourd, "intellectuel", difficilement agréable à apprécier ; j’ai donc été très agréablement surprise !
Ce qui m’a tout de suite happée à peine ma lecture entamée, je crois, c’est le style dynamique du récit, écrit à la première personne, qui nous prend par la main et ne nous lâche plus jusqu’à la fin. La plume de Zweig est belle, douce, fluide et addictive, et le livre (ainsi que tous les autres de l’auteur que j’ai pu lire) se lit d’une traite avec grand plaisir.
Bon, c’est bien beau tout ça, mais de quoi ça parle ?
Après avoir reçu de ses élèves un ouvrage rendant hommage à sa carrière, où sont compilés tous ses travaux et toutes ses publications, un vieux professeur d’université prénommé Roland se remémore la période qui a le plus marqué sa vie, bien des années auparavant : sa rencontre et sa relation avec l’un de ses professeurs, relation indescriptible où se mêlaient admiration, fascination, idolâtrie, soumission, recherche d’une figure paternelle et …amour ?
Une autre des raisons qui font que j’ai adoré ce livre, c’est la psychologie des personnages et leurs relations les uns aux autres très habilement et justement dépeintes. À l’instar des sentiments humains réels, ici rien n’est simple, rien n’est manichéen, l’auteur joue avec brio avec la complexité et l’ambiguïté de nos rapports avec les autres. Il arrive même à nous faire ressentir le trouble du jeune Roland car ce qu’il traverse nous parle, nous touche, et on retrouve un peu de nous dans ce que le jeune homme éprouve. Après tout, qui ne s’est jamais senti perdu(e) ou embrouillé(e) dans ce qu’il/elle ressent ?
J’ai vraiment apprécié la manière dont la relation entre Roland et son professeur évolue subtilement et comment nous lecteurs sommes spectateurs de cela. On se sent aussi confus que Roland, sans arriver à mettre de mots sur ce qui se présente à nous : Est-ce de l’admiration ? De la fascination ? Un profond respect pour le professeur et son travail ? De la passion ? De l’amour ? Et si oui, quel genre d’amour… ?
J’ai beaucoup aimé aussi la manière brillante et subtile de Stefan Zweig de suggérer les choses sans jamais les nommer, avec une certaine pudeur. Il n’est jamais ouvertement question d’homosexualité par exemple. Certains éléments pourraient nous le faire penser, mais tout est beaucoup plus complexe et confus. C’est à notre imaginaire de lecteurs de faire le reste.
Bien souvent, ‘ne pas dire’ est plus fort que ‘dire’. C’est là que l’on mesure le pouvoir des mots. Et en l’occurrence, c’est ce qui fait toute la force de ce livre.
Solène
Comments