Salut les chatons, j’espère que vous allez bien ! Après une période un peu compliquée et bien occupée, quel plaisir de vous retrouver pour de nouvelles critiques ! Durant le mois de juillet, j’ai eu l’occasion de lire quatre livres, alors c’est parti pour un petit bilan de mes lectures estivales, et on commence tout de suite avec le premier livre que j’ai lu cet été : La vie est plus belle autour du monde de Gwendoline Rose.
« Pauline est poissarde et a une vie sociale aussi exaltante que le Yéti. Elle travaille dans une agence de tourisme bien qu’elle-même n’ait jamais voyagé. Bref, elle mène une existence morne et grise.
Alors qu’elle fête son vingt-neuvième anniversaire en tête-à-tête avec son plat industriel réchauffé et Joséphine, sa plante verte, elle décide de s’inscrire à un tour du monde. Pas n’importe quel tour du monde : tour du monde express qui lui fera parcourir quatre continents en un mois.
En l’espace de quelques semaines, Pauline ne va pas seulement découvrir les beautés du monde mais elle va aussi faire la connaissance d’une bande de compagnons de voyage hauts en couleur. Il se pourrait même qu’elle découvre le goût du bonheur et qu’elle se mette à vivre pour de bon. »
Juste avant de rédiger ma critique, j'ai relu le résumé de la quatrième de couverture, et j’ai remarqué que plusieurs choses n’allaient pas selon moi et je me suis fait ces réflexions :
1) Le raccourci implicite « ne pas voyager = vie morne » me gêne un peu. J’adore voyager, mais je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde, certains n’y voient même aucun intérêt ni aucun plaisir ; il y a plein d’autres manières de mener une existence heureuse et bien remplie.
2) Si la vie de Pauline est déjà morne et grise selon elle, pourquoi rajouter de la morosité avec un plat industriel réchauffé ? Un bon petit plat fait maison et hop ça repart !
3) Et d’ailleurs, pourquoi Pauline-t-elle qualifie sa vie d’ennuyeuse ? Même sans avoir une vie sociale débordante, n’a-t-elle pas de hobbies ou de passions pour occuper son temps libre ?
Ceci étant dit, passons à la première chose à laquelle je suis sensible quand je commence un livre : le style. Ici, il est plutôt simple et je n’ai pas remarqué de ‘patte’ particulière qui pourrait être la marque de fabrique de l’autrice. Le petit reproche que j’ai à faire, c’est que certaines tournures de phrase, y compris dans les dialogues, ne fonctionnent bien qu’à l’oral et sonnent trop informelles et maladroites sur le papier ; il aurait été judicieux de les adapter un peu pour l’écrit.
Ce que j’ai surtout trouvé dommage, c’est qu’on ne s’attarde vraiment pas assez sur les destinations visitées. En fin de compte, bien que nos héros parcourent le monde, en tant que lecteur on ne voyage pas tant que ça. (NB. Tout le chapitre sur l’Ouest américain était vraiment bien et m’a beaucoup rappelé mon propre road trip dans cette région.) C’est plutôt un marathon où les villes et les pays défilent sans qu’on prenne le temps de s’y arrêter, de s’en imprégner, d’apprécier la richesse de la culture, des habitants, des paysages... Pour moi, ça fait vraiment le genre de tourisme pour riches qui se vantent ensuite d’avoir fait le tour du monde et d’être allés dans plein de pays, mais qui au final n’en ont vu que de minuscules fragments pas du tout représentatifs. Je ne pense pas du tout que c’était l’objectif de l’autrice ; j’ai bien compris que c’était justement un tour du monde express et que l’intérêt se situait surtout dans les rencontres que Pauline a faites durant son voyage, la menant petit à petit à changer sa manière de voir les choses, malheureusement c’est l’impression que ça m’a laissée.
Et en parlant de Pauline, je dois dire que je n’ai pas trouvé cette protagoniste particulièrement attachante. Malgré son histoire personnelle très triste, elle m’a inspiré plus de pitié que de compassion. Elle est en permanence dans le pathos, elle geint et se plaint constamment, elle rabâche qu’elle ne veut s’attacher à personne, pas même pour des relations amicales, qu’elle n’imagine pas comment quelqu’un pourrait s’intéresser à elle car elle n’a rien de particulier. J’ai eu l’impression qu’elle s’enfermait elle-même dans une existence monotone, existence dont elle se plaint, mais dont elle ne semble pas faire grand-chose pour en sortir. C’est le serpent qui se mord la queue. Pour ajouter au portrait littéralement pathétique de Pauline, elle est extrêmement gourde, et elle est tellement maladroite que c’en est exagéré et exaspérant. La pauvre n’a vraiment rien pour elle et effectivement, moi aussi je me suis demandée comment quelqu’un pouvait la trouver intéressante.
Concernant les autres personnages, certains ne servent strictement à rien et sont des caricatures d’eux-mêmes ; je pense particulièrement au petit couple inutile totalement in love et qui ne sait apparemment faire que se dévorer des yeux en permanence, glousser et se bécoter.
Si on s’attarde sur le voyage en lui-même maintenant, il y a beaucoup trop de redondances à mon goût. À chaque destination il se passe exactement les mêmes choses :
- Pauline montre tout et tous les paysages qu’elle voit à ses parents qui sont en fond d’écran sur son portable. Si au début ça peut être touchant, ça finit par en devenir ridicule, d’autant plus que cette action est toujours formulée de la même manière.
- Pauline dit tout le temps « Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau ». Même les autres personnages lui font la réflexion sur ce ‘running gag’, mais au bout de la troisième fois ça en devient franchement lourd.
- Ariane, apparemment pas très intéressée par les paysages ou la culture locale, à se demander ce qu’elle fait dans ce voyage, se dégote un mec à chaque destination différente pour des relations charnelles (oui, j’aurais pu dire ‘pécho un mec pour ken’, c’était plus clair) et apparemment n’essuie jamais aucun refus ni aucune résistance et obtient toujours la personne qu’elle vise en un claquement de doigt.
Je disais en début de chronique que le style était simple et peu marqué. Cela dit, il n’en reste pas moins agréable à lire (contrairement à un autre livre que j’ai lu cet été et dont j’aurai l’occasion de reparler…) L’humour est présent et bien dosé, certains passages sont bien écrits, d’autres beaucoup moins malheureusement, avec des maladresses.
Enfin, dernier point que j’aimerais évoquer pour ceux qui ont lu le livre (attention spoilers droit devant) : la scène du portable en Amazonie se voit venir à 10 kilomètres. Ça rejoint ce que je disais précédemment sur les maladresses d’écriture : on le SAIT qu’elle a oublié et non perdu son téléphone portable, puisque deux pages plus tôt, une scène nous dit clairement qu’elle l’a jeté sur le lit ; il était donc très prévisible qu’elle allait l’oublier, croire qu’elle l’avait perdu, puis se morfondre interminablement de ne pas pouvoir montrer le paysage à ses parents…
Pour conclure, le livre se laisse lire agréablement de manière générale et véhicule un message positif dans l'ensemble. Malheureusement il est écrit de manière trop inégale, oscillant entre des passages efficaces et d’autres beaucoup moins bons. Les personnages sont trop caricaturaux et je n’ai pas réussi à m’attacher à eux. Le manque d’évasion par rapport à ce à quoi j’attendais du roman au vu de son titre et de sa quatrième de couverture m’a un peu laissée sur ma faim. J’en retiens une lecture sympathique pour l’été mais qui ne m’aura pas laissé une très grande impression. Il s’agit du premier roman de l’autrice Gwendoline Rose ; j’aurai tout de même plaisir à lire ses autres œuvres pour suivre l’évolution de son écriture !
"Vous voyez, on peut s'en sortir. Ce ne sont pas les autres qui vous sauvent, ce ne peut être que vous-même." (Jean à Pauline)
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