Bonjour à toutes et à tous !
Aujourd’hui je vous propose de découvrir une œuvre originale, un roman dont les faits relatés sont entièrement véridiques : Le Diable du ciel, de Laurent Obertone, paru aux éditions Ring en septembre 2017.
Les faits en question concernent l’une des plus grandes catastrophes aériennes de ces dernières années : le crash du vol 9525 de la compagnie aérienne Germanwings, le 24 mars 2015.
À travers le personnage d’un enquêteur du BEA (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses), l’auteur retrace toute l’investigation menée sur cette tragédie sans rien nous cacher, et tente de découvrir et de comprendre les motivations qui ont poussé le copilote, Andreas Lubitz, à précipiter avec lui 149 âmes contre les sommets escarpés des Alpes-de-Haute-Provence.
Si j’ai choisi de vous parler de ce livre, c’est d’une part parce qu’il fait écho à l’une de mes plus grandes passions depuis toujours, l’aviation, et aussi parce qu’il m’a beaucoup marquée.
En effet, pour moi ce livre possède une force non négligeable : il est écrit comme un roman, le protagoniste et son investigation sont entièrement fictifs, mais tous les éléments, toutes les données techniques et le portrait psychologique du copilote sont tirés du véritable rapport d’enquête du BEA, ce qui est d’autant plus troublant et bouleversant à lire. Ce style romancé rend la lecture très fluide malgré la présence de détails techniques, il est vrai. Mais ces éléments techniques sont à mon sens parfaitement dosés : assez pour satisfaire les passionnés, pas trop non plus pour ne pas assommer les néophytes de jargon aéronautique. En ce sens, cet ouvrage est tout à fait accessible à qui souhaite découvrir ou en apprendre plus sur cet événement dramatique.
"J'ai tout ce que je pouvais avoir. Je suis en mesure de reconstituer le cours exact du vol. Je peux livrer mes recommandations techniques. Mais le problème n'est pas la technique... Existe-t-il un logiciel permettant de reconstituer le crash d'un homme ? Mon domaine à moi, c'est la mécanique des fluides. Parlez-moi de piège à couche limite, de régime laminaire, des équations d'Euler... Mais ne me parlez-pas de psychiatrie... Or, la clé de l'énigme s'appelle Andreas Lubitz. Je dois dresser le profil psychologique d'un homme mort, que personne n'a su comprendre. Et qui n'a peut-être jamais su se comprendre lui-même..."
Laurent Obertone a réussi un tour de force : transformer cette histoire vraie en roman d’enquête palpitant de bout en bout et nous projeter en pleine immersion dans la tête du copilote. C’est ce qui rend cette lecture d’autant plus percutante. L’auteur ne nous épargne rien, désireux d’essayer de faire la lumière sur toute l’affaire. Certains passages sont peut-être un peu durs à lire, mais nécessaires pour tenter de comprendre. On suit l’enquêteur chevronné du BEA dans son investigation, mais malgré sa brillante carrière, celui-ci reste un homme avant tout, avec ses interrogations, ses doutes, ses faiblesses, son incompréhension et son affliction face à cet acte inconcevable.
Un roman coup de poing, une véritable plongée au cœur de cette tragédie, au cœur de la psyché humaine, pour tenter de comprendre, d’expliquer, de mettre des mots sur l’innommable.
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