top of page
Rechercher
Photo du rédacteurSolène

"Tomber du ciel" : huis clos en demi-teinte

Bonjour les chatons ! Aujourd’hui, on se retrouve pour la critique du troisième roman que j’ai lu cet été : Tomber du ciel, de Caroline Tiné.

J’étais impatiente de découvrir ce livre car la quatrième de couverture m’avait donné envie de le lire, et j’en attendais beaucoup.


« J’ai cessé d’être hôtesse il y a un an pour me mettre à écrire et me sortir des poisons de la tête. Seulement en avion. La nuit dans le ciel me chuchote les mots effacés dans l’enfance. Et l’odeur du feutre des fauteuils imprégnés de strates d’intimité et de vies inconnues me rapproche d’une humanité dont j’essaie de pénétrer les secrets. »

Vol de nuit Paris – Singapour à bord d’un Airbus A380. Talitha se met dans sa bulle. A son côté, une adolescente très particulière. Plus loin, une femme fait le deuil d’amours malheureuses et cajole son chien minuscule. Dans le cockpit, le copilote est en proie à ses démons. Et l’homme sans âge, Anil Shankar, qui revient de son ashram, est prêt pour le dernier voyage.

 

Comme pour les premières impressions lorsqu’on rencontre quelqu’un, je suis très sensible au démarrage d’un livre ; c’est ce qui va déterminer si je rentre dedans et donc si je vais l’apprécier ou non.


L’ennui, c’est qu’avec Tomber du ciel, je n’ai pas aimé le style d’écriture, et ce dès la première page. Je l’ai trouvé bien plat, et par conséquent tout m’a semblé très inintéressant. Le roman donne la parole à ses personnages, par moments de leur point de vue à la première personne, d’autres fois d’un point de vue omniscient à la troisième personne. D’habitude, j’aime bien les romans à plusieurs voix, comme par exemple ceux de Paula Hawkins (et vous pouvez retrouver mon avis sur La Fille du train et Au fond de l’eau sur ce blog). Dans le roman de Caroline Tiné, les personnages racontent souvent des bribes de leur vie au lecteur, mais l’alternance entre point de vue subjectif et point de vue omniscient m’a un peu perdue, j’ai eu un peu de mal à suivre par moments et j’ai trouvé l’ensemble un peu brouillon.

Ce qui m’a le plus empêchée d’apprécier ce roman outre le style, ce sont les personnages pour lesquels je n’ai ressenti aucune sympathie ni aucune empathie. Je ne saurais dire si c’est le style du livre ou leur écriture-même qui les rends apathiques. Je ne peux m’empêcher de comparer avec ma lecture précédente, Une folie passagère de Nicolas Robin, où dès la première page j’avais tout de suite accroché avec le personnage de Bérangère qui, sans être parfaite pour autant, était très attachante.

Ici, malgré un plongeon dans leurs passés respectifs, j’ai eu l’impression de côtoyer les personnages de très loin, avec une certaine distance, sans être jamais affectée par ce qui leur était arrivé ou ce qui leur arrive. Pour cette raison, je suis un peu déçue car j’ai trouvé que le huis clos vanté par la quatrième de couverture ne fonctionnait pas du tout. Le seul personnage qui a fait exception à la règle, c’est le copilote Saul, pour qui j’ai eu de la sympathie et que j’ai trouvé très touchant avec ses faiblesses et ses failles sous ses apparences d’armoire à glace.

Et je suis obligée de parler du personnage de Ferdinand, le choix de ce prénom pour une personne d’une trentaine ou quarantaine d’années m’a laissée plus que perplexe ; c’est un avis purement personnel mais je trouve ce prénom vraiment ridicule, du coup j’ai eu du mal à prendre l’histoire de Talitha au sérieux. D’ailleurs, toute sa relation avec Ferdinand m’a semblé particulièrement étrange ; j’ai trouvé que la manière dont ils s’étaient rencontrés et comment ils en étaient arrivés à se fréquenter était bizarrement racontée…


Enfin, je dois bien le reconnaître, le dernier quart du livre m’a vraiment plu. Il est prenant et stressant, l’action se débloque, on ne sait pas ce qu’il va se passer. C’est à mon sens le seul moment du livre où le style (des phrases courtes, parfois sans verbe) sert vraiment bien le récit, puisque cette écriture brève et incisive fait s’enchaîner les phrases, créant un rythme effréné et faisant monter la tension en flèche.

Pour conclure, malgré une fin haletante et qui fonctionne bien, je n’ai pas été très fan de ce roman principalement à cause du style d’écriture. Je n’ai pas réussi à m’impliquer émotionnellement dans ce livre ni à m’attacher à ses personnages. La lecture n’est pas déplaisante, mais malheureusement elle ne m’a pas marquée, et je suis vite passée à autre chose une fois le livre refermé.


 

Avant de terminer cette chronique pour de bon, il y a toutefois deux extraits du livre que j'aimerais partager avec vous parce qu'ils ont particulièrement résonné en moi :

"Je n'ai jamais oublié l'odeur âcre et intense de l'herbe ; quand je la respire aujourd'hui dans les rues de New York, d'où elle émane comme un fantôme - je ne comprends jamais d'où elle sort -, je repense à la douceur de l'enfance. Et mon cœur se serre." (page 14)

Cette citation m'a rappelé mon propre séjour à New York, où je m'étais fait la même réflexion : dès qu'on descend de l'avion, dès qu'on sort de l'aéroport, dans les rues, dans le métro, ça sent le sh*t absolument partout, même si personne ne fume autour de vous, il y a cette odeur qui flotte dans l'air en permanence (et pas uniquement à New York d'ailleurs, mais dans beaucoup de coins d'Amérique du Nord, comme j'ai pu le constater par la suite).


 

"J'ai la tête bien calée dans mon fauteuil. Les yeux mi-clos, je me laisse aller à la torpeur qui précède les envols. Je savoure la préparation du décollage. Ce moment où l'avion va engager une lutte contre son poids, se préparer à fendre le vent pour faire voler le plus lourd que l'air. Il est massif comme un éléphant. Il occuperait un terrain de foot de quatre-vingts mètres de côté. Il bouge d'abord à reculons. Il est guidé par les petits hommes en jaune au sol. Il s'arrête, repart de l'avant, tourne à droite, puis à gauche pour rejoindre la piste. Je ferme les yeux. J'écoute vibrer en moi la puissance de cette incroyable horlogerie mécanique. Qui déplace plus de deux cents cinquante tonnes, sans compter le poids des passagers, avec élégance. Au son de la musique du moteur qui monte en gamme." (page 18)

Et celle-ci c'est parce que, travaillant au sol dans un aéroport et ayant été pendant quatre ans avec un "petit homme en jaune au sol", je connais bien cette agitation qui règne tout autour de l'avion pour le préparer à partir et ce moment où celui-ci est repoussé en vue du décollage. Et aussi parce que le décollage justement, c'est mon moment préféré du vol !


 

PS : Je ne sais pas si le titre est un clin d’œil à la chanson « Tombé du ciel » de Jacques Higelin, en tout cas j’adore cette chanson depuis que je suis toute petite !



Solène

5 vues0 commentaire

Comments


bottom of page