Bonsoir les chatons !
On se retrouve aujourd’hui pour la critique du deuxième livre que j’ai lu cet été : Une folie passagère de Nicolas Robin.
Ce roman est LA bonne surprise de mes lectures de cet été ! En tant que fan d’aviation et travaillant dans ce domaine, j’avais acheté ce livre car l’histoire de cette hôtesse de l’air proprette m’intriguait, et aussi très sincèrement parce que la couverture rose et cotonneuse de l’édition Le Livre de Poche m’avait tapé dans l’œil. Le titre me plaît également beaucoup, avec ce parallèle fait sur le mot « passager/passagère »
« Bérangère s’évertue à être une parfaite hôtesse de l’air. Elle a quarante ans, vingt ans de métier, douze mille heures de vol au compteur, une robe turquoise sans faux pli et un impeccable chignon banane. Elle fait du ciel le plus bel endroit de la terre car, ici-bas, on l’abandonne : ni mari ni enfants, quelques amants de passage sans considération pour elle. Alors elle cache ses blessures sous son uniforme et rien ne semble pouvoir altérer son désir de maîtrise et de perfection.
Jusqu’au jour où une série de contretemps dérègle cette mécanique bien huilée. Jusqu’au jour où, poussée à bout, elle commet l’irréparable. »
Dès le début du roman, j’ai tout de suite embarqué aux côtés de Bérangère dans sa folle aventure grâce au style d’écriture fluide et aérien, et aussi grâce au fait que l’histoire est racontée de son point de vue, à la première personne. Bérangère est bourrée d’humour (et nous pouvons le constater au fur et à mesure que nous lisons ses pensées) et c’est ce qui la rend si attachante. Un humour ironique et grinçant, comme je l’adore, et je me suis même payé quelques fous rires !
L’auteur a réussi à créer un personnage féminin quadragénaire entièrement crédible en la rendant très attachante grâce à son humour ainsi qu’avec ses doutes, ses interrogations et ses réflexions qui peuvent nous parler à toutes à certains moments de notre vie.
Ce que j’ai aussi beaucoup apprécié dans ce roman, c’est qu’à travers ce que vit Bérangère tout au long de sa journée, on nous montre les différentes manières dont peuvent être perçues les femmes (d’un certain âge, ou pas d’ailleurs) dans leur quotidien le plus banal, et ce qu’on attend d’elle ; que ce soit par certains hommes (le chauffeur de taxi lubrique, le passager goujat…), par la société (les attentes de la mère de Bérangère qui déplorent que sa fille n’ait pas un « vrai métier » et qui a choisi d’être hôtesse de l’air, le concierge de l’immeuble qui demande sans cesse à Bérangère quand elle va se trouver « un petit mari » (« il serait temps de s’y mettre »), et même par les autres femmes (les jeunes hôtesses qui jaugent Bérangère des pieds à la tête lors de leur première rencontre...)
En parlant des personnages secondaires, ceux-ci sont vraiment bien caractérisés et très drôles malgré eux : les hôtesses Millenials, Marie-Jo, Corine, la mamie, etc. Ils sont certes un peu stéréotypés mais la justesse de leur écriture évite de les faire tomber dans la caricature, et ils reflètent finalement bien les catégories de notre société qu’ils représentent.
PARTIE SPOILERS : J’ai été légèrement déçue (plutôt surprise, en fait) par ce qui arrive dans le dernier quart du livre, car ce n’est pas ce à quoi je m’attendais en lisant la quatrième de couverture. Quand le résumé présentait Bérangère comme une sorte de control freak et disait qu’elle allait commettre l’irréparable, je ne me doutais pas une seule seconde que ce serait au sens littéral. Personnellement, je m’attendais plutôt à un pétage de plombs différent de sa part (qu’elle renverse du jus d’orange sur les passagers, qu’elle insulte tout le monde et qu’elle s’en aille en laissant tout en plan pour ensuite complètement changer de métier et de vie). Alors en constatant qu’après avoir tué un passager (même accidentellement) elle n’était pas remuée pour un sou mais s’inquiétait plutôt de son sort à elle, j’étais un peu déçue. Au final, elle reste hôtesse de l’air, et certes elle ne se laisse plus marcher sur les pieds (c’est déjà bien), mais elle se met aussi en couple avec Rodrigue, et j’ai trouvé ça un peu dommage de finir sur ce genre de happy end classique ‘Il vécurent heureux pour toujours’ car depuis le début le livre démonte les attentes clichés qu’on fait peser sur les femmes. J’envisageais une toute autre fin pour Bérangère.
Pour conclure, j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman ! Ma légère amertume de la fin n’a rien enlevé au plaisir que j’ai eu à découvrir ce roman de Nicolas Robin. La lecture est agréable et légère grâce au style très fluide de l’auteur, mais attention elle n’en est pas creuse et insipide pour autant, au contraire ! Derrière cette apparente légèreté, j’ai tout de même trouvé des thématiques plus profondes et sérieuses que les romans feel good classiques qu’on peut lire pendant l’été. Des réflexions et des constatations sont faites sur notre société, sur la manière dont une femme peut être perçue par d’autres catégories de personne, et la question « Qu’est-ce qu’être une femme de nos jours ? » se pose également entre les lignes.
Si vous l'avez lu également, n'hésitez pas à nous dire en commentaire ce que vous en avez pensé !
Quant à nous, on se retrouve très prochainement pour une nouvelle critique !
Comments